MacOS X, puis OS X, et depuis 2016, macOS, tout simplement. C’est le nom du système d’exploitation qui accompagne les Macs depuis 1999. Avec un X comme UNIX, puisque MacOS X est directement issu du système NeXTStep, un système UNIX développé par NeXT, racheté par Apple en 1996. Mais aussi avec un X comme 10, puisqu’il succéda à MacOS 9.
Souvenez-vous : en 1994, trois ans après la sortie du Système 7, Apple annonce qu’elle travaille sur un système révolutionnaire, moderne, multitâche, offrant la mémoire protégée et une interface entièrement revue. Les années passent et ce projet connu sous le nom de Copland peine à progresser. Il est finalement abandonné officiellement en 1996 après des années de développement et des millions de dollars investis. Apple, sous l’impulsion de son PDG Gil Amelio, préfère aller chercher à l’extérieur les technologies dont elle a besoin. Écartant le système BeOS, elle jette son dévolu en décembre 1996 sur NeXT, son système d’exploitation NeXTStep, ses variantes multi-plateformes OpenStep, et ses technologies WebObjects. Pour résumer : Apple avait vingt millions de clients, et un système d’exploitation dépassé ; NeXT avait un système idéal, mais pas de clients. Ils étaient donc faits pour s’entendre.
Immédiatement, la fusion des deux systèmes débute, sous le nom de code Rhapsody. Le projet est présenté aux développeurs lors de la MacWorld Expo de San Francisco, le 7 janvier 1997. Dès la WorldWide Developer Conference suivante, le 16 mai 1997, Apple communique sur l’avancement du projet, pour rassurer développeurs et actionnaires échaudés par l’échec cuisant de Copland. Les premières images circulent, montrant un système directement issu de NeXTStep mais reprenant les canons de l’interface d’Apple et certaines de ses technologies, comme ColorSync ou QuickTime.
Dans le détail, Rhapsody est un projet d’une complexité inouïe. Apple doit non seulement faire vivre les technologies héritées de NeXT, comme App Kit, Foundation Kit, ou encore WebObjects, mais aussi les enrichir de ses propres technologies comme QuickTime, ColorSync, AppleScript ou QuickDraw GX, et y ajouter Java : le tout prend le nom de Yellow Box (qui deviendra Cocoa quelques années plus tard). Elle veut aussi garantir la compatibilité des applications Mac OS 8 avec Rhapsody (en émulant un Système 8 complet sous le nom de Blue Box, qui deviendra l’environnement Classic).
Plus profondément encore dans le système, Apple réutilise le micro-noyau MACH qui propulsait NeXTStep, et elle y ajoute BSD, une couche de système d’exploitation dérivée d’Unix. Rhapsody dérive donc directement d’OPENSTEP 4.2, la surcouche de NeXTSTEP destinée à offrir les fonctionnalités de ce système non seulement sur les ordinateurs NeXT, mais aussi sur des PC tournant sous Windows NT ou Solaris. À ce titre, Rhapsody est donc la version 5.0 de NeXTSTEP, bien plus qu’une nouvelle version de Mac OS. C’est d’ailleurs la numérotation issue de NeXT qui est reprise pour les versions du projet Rhapsody : la première « Developer Release » sera numérotée 5.0 puisqu’elle succède à OPENSTEP 4.2, dernière version développée par NeXT.
À cette époque, Apple annonce le développement de Rhapsody pour Mac, mais aussi pour processeurs x86 (pour concurrencer Windows) et va même plus loin : elle souhaite proposer la « Yellow Box » sous forme de « Runtime » pouvant s’installer sur Windows NT (une version particulière du système de Microsoft réservée aux serveurs) et sur des systèmes UNIX (Linux, Solaris, HP/UX), pour permettre de diffuser sur ces plateformes les applications conçues pour Rhapsody. Dans le même temps, une entité indépendant d’Apple travaille sur une distribution libre de NeXTSTEP, dénommée « GNUstep ». Mieux : Apple veut même proposer la « Yellow Box » dans Mac OS 8, afin que les utilisateurs de Macs puissent utiliser les applications prévues pour Rhapsody !
La « Developer Release DR-1 » est distribuée en août 1997, et réservée à une poignée de Macs compatibles (officiellement, les PowerMacs 8500, 8600, 9500 et 9600), disposant d’au-moins 32 Mo de mémoire vive. Les développeurs patienteront dix mois pour tester la version suivante, compatible avec les PowerMacs G3 sortis entre-temps. Ces deux premières versions sont également disponibles pour les ordinateurs PC équipés de processeurs Pentium MMX.
Mais les difficultés sont nombreuses. Outre les problèmes de licence, Apple se heurte à la difficulté, voire à l’impossibilité de porter les interfaces de programmation de Mac OS (écrites en langage PowerPC et émulant encore du code 68k) vers les processeurs x86 d’Intel. Impossible alors d’utiliser les applications Mac classiques sur un PC sous Rhapsody. Quant aux fabricants de PC, ils ne sont pas intéressés par un nouveau système, Windows leur étant fourni à prix imbattable par Microsoft. Apple revoit donc ses prétentions à la baisse et se recentre sur ses propres ordinateurs.
Ainsi, dès 1998, Steve Jobs rétropédale sur les caractéristiques de Rhapsody. Les développeurs l’ont fait savoir : s’ils n’ont le choix qu’entre une Yellow Box qui les oblige à réécrire entièrement leurs applications pour profiter des nouvelles fonctionnalités du système, et une Blue Box où leurs applications subiront les mêmes errements qu’auparavant, ils ne suivront pas Apple dans cette aventure. Apple décide alors d’ouvrir une nouvelle voie, permettant de profiter de la mémoire protégée, du multitâche, et d’autres raffinements modernes, avec un travail de réécriture minimal. Cette nouvelle philosophie prend le nom de Mac OS X. Pour Steve Jobs, Mac OS X a ainsi deux parents : Mac OS 8, avec ses futures améliorations, et Rhapsody. Pour parvenir à ce résultat, Apple doit éliminer 2000 des 8000 interfaces de programmation de Mac OS 8, réécrire les 6000 restantes pour qu’elles bénéficient des améliorations de Rhapsody, et les compléter de nouvelles API destinées à remplacer celles supprimées. Le tout prendra le nom de « Carbon », qui s’intercalera entre « Classic » (l’ancienne « Blue Box ») et « Cocoa » (l’ancienne « Yelow Box »).
Pour les développeurs, il y a une nouvelle encore plus positive : toutes les API « Carbon », les anciennes comme les nouvelles, seront intégrées à Mac OS 8, afin de permettre aux développeurs de diffuser leurs applications sur les deux systèmes ! Carbon est donc une concession des équipes d’Apple au principe de réalisme : aucun éditeur majeur n’était prêt à réécrire complètement ses logiciels pour tirer profit de Cocoa. La simplicité du portage sur Carbon permettra à la plupart des poids-lourds du secteur de proposer plus ou moins rapidement des applications pour Mac OS X n’ayant plus besoin de recourir à Classic : Microsoft Office, Adobe Photoshop… Même Apple aura recours à cette API pour son Finder jusqu’en 2008 (il faudra en effet attendre Snow Leopard pour voir le Finder être réécrit en Cocoa) ! Evidemment, cette solution nécessite un nouveau travail titanesque pour Apple, et le calendrier de commercialisation du nouveau système prend à nouveau du plomb dans l’aile.
Rhapsody ne disparait pas pour autant, puisqu’il est officiellement commercialisé en mars 1999, sous le nom de Mac OS X Server. Une manière pour Apple de rentabiliser l’investissement et de mettre le pied à l’étrier sur un marché de niche, moins exposé que le marché grand-public, et plus à même de se passer de Carbon, qu’Apple peine à mettre au point. Pour son nouveau système, offrant la solidité d’UNIX et la simplicité du Mac, Apple met en avant l’intégration du micro-noyau Mach et du système BSD (issu du travail de l’université de Californie à Berkeley sur le système UNIX), mais aussi de Java, POSIX, du serveur Web Apache, du serveur QuickTime Streaming, de l’outil de développement WebObjects issu de NeXT, et de NetBoot, une technologie permettant à un Mac de démarrer depuis un système situé sur un serveur. Autant de technologies qui enrichissent OPENSTEP pour repartir sur de bonnes bases, Steve Jobs ayant prévenu les développeurs que Mac OS X serait le système d’Apple pour les quinze prochaines années, comme Mac OS l’avait été depuis la sortie du Macintosh en 1984. Pour accompagner ce système proposé seul à 999 dollars, Apple propose un PowerMacintosh Server G3 configuré en usine, pour 4,999 dollars. Bref, Rhapsody prend son envol auprès d’un public de connaisseurs, le temps pour Apple de poursuivre le développement du vrai Mac OS X.
Dans cette version Server, la Blue Box est encore une couche indépendante : au lancement d’une application compatible Mac OS 8, le système se lance et s’affiche par-dessus Mac OS X. Seul lien entre les deux interfaces : Mac OS 8.5 bénéficie d’un copier-coller partagé avec Mac OS X. Les utilisateurs de Mac OS X Server remarquent même que les applications « Classic » tournent plus rapidement sur leur système, Mac OS « Classic » y bénéficiant de la gestion de mémoire virtuelle du nouveau système, bien plus efficace que la sienne. De même, dans cette première version, Apple n’a pas encore abandonné Display PostScript, la coûteuse technologie d’affichage qu’elle paye à Adobe, et qui disparaîtra plus tard au profit de Quartz, développée en interne par Apple à partir des spécifications du PDF.
Mac OS X Server évoluera peu ensuite : quelques mises à jour mineures en 1999 (intégrant Rhapsody 5.4 puis 5.5), puis une mise à jour plus importante en janvier 2000, intégrant Rhapsody 5.6 sous le nom de MacOS X Server 1.2. Il faut dire qu’Apple a déjà la tête ailleurs : Mac OS X, le vrai, est également dans les tuyaux du constructeur. Signe de ce manque d’implication dans le développement de Mac OS X Server : le système n’intègrera jamais la gestion du FireWire, et peinera à gérer pleinement l’USB, deux normes pourtant indissociables des Macs à cette époque. Plus étonnant peut-être : durant tout ce temps, les CD d’installation de Mac OS X Server resteront basés sur Mac OS 8.5 puis Mac OS 9, sans qu’Apple ne prenne le temps de développer une version légère de Mac OS X capable de démarrer depuis un CD pour s’installer elle-même sur le Mac.
Finalement, Apple aura tout juste eu le temps de trouver un logo pour son système. Et quel logo ! Ses designers voulaient sans doute représenter dans ce « S » stylisé, toutes les technologies qui s’assemblent pour former un système complet. Mais comment les communicants d’Apple, toujours très tatillons, ont-ils pu accepter cet entrelacs de rouages qui, de toute évidence, ne pourront jamais tourner puisque leurs sens de rotation s’opposent les uns aux autres ?
Peu après la sortie de Mac OS X, durant l’été 2001, la version Server basée sur Rhapsody sera abandonnée au profit d’une version dérivée du Mac OS X grand public, et suivant sa numérotation jusqu’à la sortie de Mac OS X 10.7 (Lion) quand la version Server disparaîtra au profit d’un ensemble de logiciels disponibles séparément permettant d’enrichir le système de base des fonctions nécessaires à la gestion d’un serveur.
Revenons-en donc à la version de Mac OS X « grand public », celle promise par Steve Jobs pour 1999. Plusieurs versions « Développeurs » se succèdent effectivement cette année-là. La DP1 en avril 1999 ressemble encore beaucoup au projet Rhapsody, avec ses emprunts à l’interface de MacOS 8. Surtout, Mac OS X intègre enfin les premières bases de « Carbon », l’interface permettant de réutiliser une grande partie du code des logiciels « Classic » pour qu’ils soient parfaitement intégrés à Mac OS X, et pas seulement affichés dans un environnement émulé.
La DP2 d’octobre 1999 se rapproche plutôt de MacOS 8 en supprimant largement les éléments d’interface hérités de NeXTStep. Ces deux versions partagent beaucoup de points communs. Comme dans le projet Rhapsody, la Blue Box n’est pas encore une réelle intégration des applications classiques dans l’interface de Mac OS X, mais une surcouche affichant l’ancien système par-dessus le nouveau, en plein écran, au moyen d’une image-disque contenant le système 8.5, puis le système 9, et les applications associées. Pas question donc pour le moment de partager les données naturellement entre les deux interfaces, ni d’intégrer les fenêtres des applications « Classic » parmi les autres fenêtres, et seul le copier-coller est partagé. Héritage de NeXT, les menus peuvent être détachés de la barre des menus pour être affichés de manière permanente à tout endroit de l’écran. L’écran est d’ailleurs limité à 800×600 pixels, et l’interface en anglais n’est pas encore traduite dans d’autres langues.
Dans le même temps, Mac OS poursuit son bonhomme de chemin. La version 8.5 en octobre 1998, puis 8.6 en mai 1999, qui accueillent l’outil de recherche Sherlock (qui sera intégré ensuite à Mac OS X), et abandonnent les Macs 68k au profit des seuls Macs équipés de processeurs PowerPC, prélude à la réécriture de l’ensemble du système en code PowerPC avec Mac OS 9, en octobre 1999. Aucune de ces versions n’intègre finalement la « Yellow Box » qui aurait permis d’y faire tourner les programmes prévus pour Mac OS X. La même Yellow Box ne sera d’ailleurs jamais portée non plus sur Windows, réduisant à néant l’espoir de certains développeurs de pouvoir créer aisément des applications multi-plateformes. Mac OS 9 est véritablement le système de transition, entièrement réécrit pour les processeurs PowerPC, et qui servira de moteur à « Classic » jusqu’à la disparition de celui-ci lors du passage aux processeurs Intel… mais ceci est une autre histoire.
Mac OS X Developer Preview 3 : nouveaux concepts et nouveau design
Peu après la sortie de Mac OS 9, Apple présente la DP3 de Mac OS X, avec son interface révolutionnaire que personne n’attendait. Elle est présentée à la MacWord Expo de janvier 2000. En présentant son interface inédite, Steve Jobs précise la nouvelle stratégie d’Apple, qui repose avant tout sur la conception d’un seul système, sous-entendant la disparition progressive de Mac OS 9 et l’abandon des versions PC du système. Il promet un système au sommet de son art, disposant des meilleures technologies d’affichage et d’une intégration poussée d’Internet. Il annonce qu’Apple veillera à effectuer une transition en douceur pour ses 25 millions d’utilisateurs, et promet une disponibilité de la version finale pour l’été 2000 (la sortie sera en réalité repoussée jusqu’au 24 mars 2001 après une dernière DP4 en mai 2000 et une version beta publique en septembre 2000).
Contrairement à Mac OS 8 et 9 qui n’étaient rien d’autre, au niveau de l’interface, que le système original du Macintosh un petit peu ravalé (interface platine, effets 3D, fenêtres-tiroirs…), MacOS X, tel qu’il est présenté par Steve Jobs en janvier 2000, annonce une interface entièrement repensée. En rappelant qu’Apple a travaillé depuis plusieurs mois en grand secret sur cette interface, Steve Jobs précise que les boutons de l’interface sont si beaux, qu’on a envie de les lécher ! Le nouveau MacOS s’inspire de tout ce qui a fait le succès des iMacs et G3 : transparence, couleurs vives… La barre des menus quitte le gris habituel pour prendre la couleur du plastique blanc « ondulé » des iMacs. Les boutons et les ascenseurs s’arrondissent et prennent des couleurs acidulées. Les cases des barres de titre (fermeture, réduction, redimensionnement) sont regroupées en haut à gauche de la fenêtre et sont représentées par des ronds de couleurs qui changent d’aspect quand la souris passe dessus. Le changement de design cache également une possibilité toute nouvelle : agir sur des fenêtres en arrière-plan sans les activer (par exemple, fermer une fenêtre ou la réduire).
Ce n’est pas seulement une question d’apparence : une bonne partie de l’interface entre l’humain et l’ordinateur est repensée. Par exemple, la navigation dans le Finder se fait dans une seule fenêtre : double-cliquez sur un dossier, et son contenu s’affiche dans la même fenêtre. L’intérêt est d’éviter la multiplication des fenêtres affichées à l’écran, une spécialité de Mac OS jusqu’alors… Cette solution, déjà adoptée par Windows 98, ne plait pas à tout le monde, car il est parfois utile de conserver plusieurs fenêtres ouvertes, pour les copies de fichier ou l’utilisation de plusieurs fichiers ou applications présents dans des dossiers séparés. Heureusement, Apple le sait et il reste tout à fait possible d’ouvrir plusieurs fenêtres à l’écran. Un autre exemple : les dialogues d’enregistrement des fichiers ne sont plus des fenêtres modales, qui bloquent l’utilisateur jusqu’à leur fermeture, mais de simples tiroirs qui glissent sous la barre de titre de la fenêtre concernée.
Cette nouvelle interface est légèrement modifiée avec la sortie de la DP4 (Developer Preview 4) de MacOS X, en mai 2000. Il devient notamment possible de supprimer la barre des boutons en haut des fenêtres, pour retrouver une interface plus proche de celle de MacOS « Classic ». De plus, trois petites icones permettent de passer d’un mode d’affichage à un autre : par icone, par liste ou par « browser ».
En janvier 2001, Steve Jobs présente une dernière série de nouveautés : la barre des boutons est personnalisable, et on peut la masquer grâce à un nouveau bouton dans la barre de titres. On peut également faire apparaître un menu correspondant à chaque icone du dock (pour ouvrir les fenêtres, changer les réglages…). Enfin et surtout, le menu Pomme, qui avait été supprimé au profit d’un menu Application, refait son apparition ! Un dernier petit détail sympathique : si vous minimisez une vidéo QuickTime, la lecture se poursuit en miniature, dans le Dock !
La présentation par colonnes de l’arborescence des dossiers et fichiers est récupérée de l’interface NeXT. Très pratique pour naviguer rapidement, elle affiche également une prévisualisation de tout fichier sélectionné. Mais ce qui est le plus impressionnant pour un utilisateur habitué de MacOS, c’est la disparition du principe du bureau : les disques connectés et la corbeille ne sont plus affichés sur le bureau par défaut (on peut néanmoins faire afficher automatiquement des alias des disques montés sur le bureau). MacOS X reprend en fait à son compte le concept du Workspace Manager de Next. On accède aux disques en cliquant sur le bouton » Ordinateur » de la fenêtre du Finder, et la corbeille s’affiche en bas de l’écran, dans le Dock, qui contient tous les fichiers ou dossiers que l’utilisateur glisse dessus ainsi que les applications actives. Toute fenêtre peut rejoindre le Dock, d’un simple clic sur sa case de minimisation, dans un effet d’aspiration vers le bas.
Les Préférences Système sont regroupées dans une seule fenêtre, comme cela se faisait sous le Système 6. Le système 7 avait supprimé cette fonctionnalité pour préférer des Tableaux de Bord indépendants, gérés comme autant d’applications différentes. MacOS X reprend exactement le principe originel du Macintosh : les tableaux de bord sont des fichiers spéciaux et s’ouvrent dans une seule et même fenêtre.
Dans le même temps, Apple officialise une nouvelle stratégie, en rendant le code de Mac OS X libre et public. Pas tout le code, en réalité, mais son cœur, toujours basé sur FreeBSD et Mac, sous le nom de Darwin. Apple fait d’une pierre trois coups : elle bénéficie du travail de toute la communauté des développeurs qui peuvent lui soumettre des propositions d’améliorations ; elle attire à elle des développeurs susceptibles de créer de nouveaux logiciels pour le Mac ; et elle s’appuie sur le monde libre pour éviter d’intégrer à Mac OS X des technologies aux licences coûteuses. D’autres éléments de Mac OS X restent cependant privés, comme l’interface Aqua ou le moteur d’affichage Quartz.
Mac OS X Public Beta
Entre la version de janvier 2000 et la Beta publique de septembre, un grand nombre d’éléments ont déjà été améliorés. En un an et demie, les programmeurs d’Apple ont fait évoluer un projet qui, bien que très novateur, méritait d’être encore amélioré pour être vraiment révolutionnaire sans couper tous les ponts avec les versions précédentes du système. Le dock prend du relief et de la transparence : les icones ne sont plus intégrées dans un carré mais sont libres dans le dock. Il change aussi de philosophie : les icônes déplacées dans le Dock ne disparaissent pas de leur emplacement initial (comme cela se faisait dans le Shelf de NeXTStep). Déjà, l’outil de recherche qui était présent dans toutes les fenêtres disparaît, laissant la place à une série de boutons pour changer le mode de présentation (liste, browser, icones). Les fenêtres en arrière-plan apprennent à se faire plus discrètes (le blanc remplace les couleurs acidulées). Le menu application, à gauche de la barre des menus, prend le nom de l’application plutôt que son icone. L’application QuickTime Player, elle aussi, subit un léger lifting. Enfin le bouton situé en haut à droite des fenêtres du Finder disparaît : il permettait de désigner des fenêtres qui se minimisaient automatiquement dans le Dock pour ne laisser qu’une d’entre-elles affichée à l’écran (Apple avait baptisé cette fonction « Single Window Mode »).
La dernière pré-version est dévoilée à la MacWorld Expo de janvier 2001 à Los Angeles. Cette fois, les efforts de Cupertino ont plutôt porté sur la facilité de transition entre MacOS 9 et MacOS X : la barre de boutons se simplifie et peut même disparaître grâce à un nouveau bouton dans la barre de titres. Le menu Pomme fait son retour, comme tant d’utilisateurs le demandaient. Les icones du Dock deviennent interactives : leur contenu s’affiche en temps réel, un clic prolongé permet de faire apparaître un menu contextuel.
Mac OS 10.0 « Cheetah »
La version finale, commercialisée le 24 mars 2001, reste très proche de ce que Steve Jobs avait montré en janvier. Plusieurs mises à jour, de la 10.0.1 à la 10.0.4, se succèdent en quelques mois, apportant un gain en puissance et en fonctions de toutes sortes, notamment la possibilité de graver des CD audio. Ces limitations conduiront Apple à proposer gratuitement la mise à jour vers la version 10.1.
Mac OS 10.1 « Puma »
La première grosse mise à jour est présentée en juillet 2001 lors de la MacWorld Expo de New-York, et distribuée fin septembre 2001 : la version 10.1 du système apporte quelques nouveautés en terme de graphisme et de fonctionnalités, mais elle se fait surtout remarquer pour sa vitesse, très largement supérieure aux versions précédentes ! Il devient à nouveau possible de lire des DVD, une fonction qui était alors réservée à MacOS 9.
L’effet « Génie » de réduction des fenêtres dans le Dock étant gourmand en ressources système, il peut être remplacé par une simple réduction à l’échelle. Le Dock gagne aussi la possibilité d’être déplacé vers les côtés de l’écran plutôt qu’en partie basse.
Bien qu’encore perfectible, c’est Mac OS X 10.1.2 qui sera retenu par Apple pour basculer tous les nouveaux Macs sur ce système par défaut.
Mac OS 10.2 « Jaguar »
Avec Jaguar, nom de code de MacOS X 10.2, Apple continue de faire évoluer MacOS X. A sa sortie, le 23 août 2002, le système perd son statut de simple adaptation de NeXTStep 3.3, pour s’enrichir de technologies « made in Cupertino ». Plus réactive, plus complète, la nouvelle version inclut aussi des applications orientées Internet comme iChat (un logiciel de discussion en direct sur Internet) et de nouvelles technologies comme Rendezvous. Le mini-outil de recherche refait son apparition dans les fenêtres du Finder, comme dans la première version présentée au public, en janvier 2000. Le dock perd ses rayures au profit d’un fond uniformément blanc, pendant que de nouvelles options de présentation permettent par exemple d’afficher sous le nom d’un dossier le nombre d’éléments qu’il contient. D’autres modifications sont au menu, comme une réorganisation des Préférences Système, Sherlock 3, l’accélération des effets visuels…
C’est aussi avec cette version qu’apparaît Quartz Extreme (qui accélère grandement l’affichage de l’interface graphique), le format HFS+ journalisé, et Inkwell, la technologie de reconnaissance d’écriture manuscrite héritée du système 2.0 du Newton (et qui n’avait jamais été portée sur Mac OS 9). De manière plus symbolique, c’est aussi avec Mac OS X 10.2 que disparaît le petit Mac souriant qui accueillait les utilisateurs au démarrage. Il est remplacé par la pomme grise sur fond blanc que l’on connaît maintenant.
Le système évolue en douceur : de la 10.2.1 à la 10.2.6, les versions corrigents quelques bugs, et apportent leurs petites améliorations de sécurité. La version 10.2.7 est réservée aux tout nouveaux PowerMac G5, nécessitant cette petite adaptation à leur processeur 64 bits. Quant à la 10.2.8, apparue quelques semaines avant le lancement de la 10.3, elle marquera surtout par les plantages qu’elle provoqua sur certains Macs : panne de connexion internet, redémarrage impossible, gestion hasardeuse de la batterie… La mise à jour, retirée rapidement par Apple, réapparaît quelques jours plus tard, corrigée de ses erreurs…
Mac OS 10.3 « Panther »
Encore plus rapide que Jaguar, voici Panther, alias MacOS X 10.3, le 24 octobre 2003. Son nouveau Finder, qui arbore maintenant une interface « aluminium brossé », reprend le principe déjà utilisé dans iTunes ou iPhoto : une colonne à gauche de la fenêtre donne accès aux différents disques et dossiers. La navigation dans les disques en est facilitée et accélérée, d’autant plus qu’une icone d’éjection permet de démonter chaque support individuellement. Le principe de la colonne est repris dans les fenêtres d’enregistrement et d’ouverture de toutes les applications. Toujours du côté design, les lignes horizontales, imitant le plastique de l’iMac original, se font tellement discrètes qu’elles disparaissent presque des fenêtres et de la barre des menus. A noter aussi le retour des « familles », qui associent une couleur à des fichiers choisis par l’utilisateur, et aussi le retour des barres de séparation dans les menus, à la MacOS 9, en lieu et place de la ligne vide.
MacOS X 10.3 est aussi la première version du système à exiger la présence d’une ROM « New World » dans l’ordinateur, écartant du même coup les PowerMacs G3 beige et les premiers PowerBooks G3 démunis d’USB.
C’est également avec ce système que l’on voit débarquer Safari, le 7 janvier 2003. Le navigateur d’Apple, dont on ne mesure pas encore l’importance qu’il prendra quelques années plus tard, n’est tout d’abord proposé que comme une alternative à Internet Explorer 5, qui reste pour le moment le navigateur par défaut des Macs.
Parmi les autres nouveautés, la fonction « Fast User Switching », qui permet de passer à un autre compte utilisateur, sans pour autant fermer le précédent. L’ordinateur devient ainsi totalement multi-utilisateur, chacun pouvant accéder en un instant à son propre espace de travail, sans pour autant obliger le précédent à cloturer sa session. Le tout dans un effet 3D de rotation de cube, chaque face du cube étant réservée à l’espace de travail d’un utilisateur.
Pour simplifier la vie et faire face à l’anarchie des fenêtres ouvertes en tous sens, la technologie Exposé permet différentes combinaisons de déplacement et de redimensionnement des fenêtres : d’un simple appui sur une touche, toutes les fenêtres rétrécissent et s’ordonnent à l’écran, il ne vous reste plus qu’à cliquer sur celle que vous voulez afficher au premier plan ; ou encore, toutes les fenêtres disparaissent afin de libérer l’accès au bureau.
Panther mise également sur la sécurité : une fonction d’effacement sécurisé de fichier (qui réécrit des données cryptées à l’emplacement du fichier suprimé), et une fonction de cryptage du dossier Utilisateur (FileVault) font leur apparition.
Mac OS 10.4 « Tiger »
Toujours plus rapide (mais jusqu’où iront-ils ?), voici Tiger, alias MacOS X 10.4. Attendu depuis un moment, et déjà l’objet de rumeurs, pour ne pas dire de fuites, avant même sa présentation lors de la WorldWide Developers Conference, le 28 juin 2004 à San Francisco. Près d’un an avant sa date de sortie prévue, Tiger est déjà bien avancé, et présente quelques nouvelles fonctions impressionnantes et, comme d’habitude, 150 nouveautés plus ou moins visibles. Grillant la politesse à Microsoft, Apple présente son propre système d’indexation et de recherche des fichiers, Spotlight, qui transforme le Finder et tous les logiciels en une sorte d’iTunes pour fichiers, qu’il est possible d’afficher à la manière des playlists, par l’utilisation de critères de recherche. Exposé gagne une nouvelle fonction, Dashboard, qui affiche à l’écran d’un coup d’un seul de petites applications (ou Widgets) qu’il est toujours bon de garder sous la main… Safari gagne la gestion des RSS, et iChat AV la conversation à quatre. Quant à Automator, il permet en quelques clics de transformer les opérations répétitives en tâches automatiques.
Peu d’évolution avec la version définitive, commercialisée le 29 avril 2005, comme promis par Apple. Spotlight impressionne par sa vitesse, Dashboard inspire déjà les développeurs et Microsoft, dans son coin, s’empêtre dans le développement de Longhorn, qui doit remplacer Windows XP… Le graphisme de la barre des menus reste finalement plus classique que prévu et le terme « Spotlight » remplace « Search ».
En cinq semaines, Tiger se vend à près de deux millions d’exemplaires (en DVD, s’il vous plaît, le CD n’étant plus disponible qu’en option), ce qui en fait le système d’exploitation le plus vendu dans l’histoire d’Apple. Pendant ce temps, ce sont des centaines de Widgets et de scripts pour Automator qui ont fait leur apparition. Il faudra cependant attendre la mi-novembre, après sept mois de galère, pour que Tiger soit enfin pleinement compatible avec les PowerMacs G5 à 1,8 Ghz, dont les possesseurs se plaignaient de plantages inopinés.
Au fil des mois, les mises à jour mineures sont disponibles : la 10.4.1 et la 10.4.2 en l’espace de trois mois, puis la 10.4.3 en novembre. La 10.4.4, quant à elle, arrive en même temps que les nouveaux iMac et MacBook Pro et scelle donc le passage à l’architecture Intel, notamment en ajoutant un émulateur PowerPC nommé « Rosetta » pour assurer une pleine compatibilité des anciens logiciels (et de pans entiers du système qui n’ont pas encore été réécrits pour les processeurs Intel). La 10.4.5 apporte quelques améliorations et la gestion du passage à l’heure d’été pour 2006 et 2007… La 10.4.6 se penche plutôt sur les réseaux, tandis que la 10.4.7 révèle en avant-première l’existence du futur MacBook. La 10.4.8 (22,3 Mo pour les PowerPC, 211 Mo pour les Intel !) apporte quelques modifications dont un outil de zoom sur l’écran grâce à la souris et à la touche Ctrl. La 10.4.9 (mars 2007) corrige son lot de bugs et apporte de nouvelles compatibilités (modem USB Apple, caméras, BlueTooth…). Plus surprenant, Apple livrera aussi une 10.4.10 en juin 2007, alors que la version 10.5 est en retard. Peu après la sortie de celui-ci, Apple offrira une ultime mise à jour en novembre, numérotée 10.4.11, offrant notamment le support de Safari 3.
Mac OS 10.5 « Leopard »
Mais le gros chantier de l’année 2006 est évidemment Mac OS X « Leopard », ou 10.5. Les premières images sont montrées par Apple à l’occasion de la Conférence Mondiale des Développeurs (WWDC), le 6 août 2006. La date de commercialisation n’étant prévue que pour le printemps 2007, le projet présenté est incomplet : l’occasion pour Apple de rappeler qu’à quelques mois de la sortie de Windows Vista chez Microsoft, elle veut éviter à tout prix que les « photocopieurs de Redmond » entrent en action…
Parmi les nouveautés, on trouve la gestion des configurations 64-bits (comme le Xeon ou, en son temps, le G5…), tout en conservant la gestion 32-bits sans émulation. Nouveauté remarquée : Time Machine, un outil de sauvegarde qui permet de visualiser une fenêtre telle qu’elle était les jours et les mois précédents, afin de retrouver une photo supprimée, un fichier effacé, un projet modifié… L’interface par « bureaux virtuels » à la Linux fait son apparition, avec toutes les subtilités rendues possibles par Exposé (notamment le déplacement de fenêtres entre plusieurs bureaux). Mail et iChat évoluent de leur côté, gagnant au passage des fonctionnalités modernes.
Dès le mois de mars, des rumeurs indiquent qu’Apple serait en retard : Leopard serait repoussé de juin à octobre 2007. Après un premier démenti, la firme confirme ce retard. Raison officielle : le développement de l’iPhone aurait accaparé toutes les ressources d’Apple. De plus, ce délai laisserait le temps aux développeurs de se familiariser avec Leopard et d’y adapter leurs logiciels. C’est d’ailleurs à eux qu’Apple présente, le 11 juin à la WWDC, les dernières avancées du système : interface revue et unifiée, barre de menus transparente, dock en 3D, piles de documents, présentation Cover Flow dans le Finder pour naviguer dans ses fichiers comme dans iTunes, optimisation 64-bits, Spaces pour émuler plusieurs écrans, QuickLook pour prévisualiser les fichiers, Boot Camp pour démarrer sous Windows, iChat 4 et ses effets visuels, Gatekeeper pour repérer et éviter l’exécution de malwares, et Time Machine pour visualiser le contenu de votre Mac à une date précédente et le récupérer.
C’est finalement le 26 octobre 2007 à 18h00 que Mac OS X 10.5 Léopard fait son apparition publique. Magasins ouverts dans la nuit du 26 au 27, livraisons le Jour J pour les commandes par internet… En un week-end, Apple écoulera deux millions de copies de son système, un record dans son histoire (il avait fallu un mois et demie à Tiger, son prédécesseur, pour atteindre ce chiffre). Toutes les technologies annoncées sont là, sauf une : la sauvegarde Time Machine sans fil, qui aurait été désactivée au dernier moment par Apple, faute de sécurité dans le transfert en wi-fi. Pour le reste, peu de mauvaises surprises, à l’exception d’un FireWall autrement moins efficace que celui de Tiger… Ah si, il y a aussi ce bug lors du déplacement d’un fichier vers un disque externe : si celui-ci est débranché avant la fin de la copie, le fichier d’origine disparaît avec la copie inachevée ! Ce bug n’est pas nouveau, il était apparu sous Puma (Mac OS X 10.1) mais avait été corrigé depuis…
Une première mise à jour est disponible le 15 novembre : elle apporte, comme à l’habitude, une série de corrections et d’améliorations mineures. En particulier, le FireWall est revu, et le bug du déplacement de fichier, corrigé. Il suffisait de demander ! La version 10.5.2 débarque en février 2008, et corrige les défauts reprochés aux Piles, en permettant notamment d’en afficher le contenu à la manière d’un menu. De plus, la transparence de la barre des menus peut être supprimée dans les Préférences Système. Au mois de mai, la 10.5.3 débarque, avec ses 400 Mo de données mais peu d’évolutions (entre autres, la sauvegarde Time Machine possible sur un portable sur batterie). La 10.5.4 est rendue disponible le 1er juillet et prend notamment en charge la technologie MobileMe d’Apple. La 10.5.5, disponible le 15 septembre, « comporte des corrections générales relatives au système d’exploitation qui améliorent la stabilité, la compatibilité et la sécurité de votre Mac », selon Apple…
Mac OS 10.6 « Snow Leopard »
Peu avant la MacWorld Expo du 9 juin 2008, quelques informations commencent à filtrer au sujet du futur remplaçant de Leopard, qui devrait être numéroté en toute logique Mac OS X 10.6. On apprend ainsi que cette nouvelle version devrait être baptisée « Snow Leopard », ce qui signifie Leopard des Neiges. Comme le nom le laisse deviner, il s’agirait donc d’une version en apparence proche de Leopard, mais retravaillée en profondeur afin d’optimiser la sécurité, la vitesse d’exécution, et la stabilité.
Au cours de sa conférence, Steve Jobs va bien plus loin dans les promesses. Snow Leopard, dont les nouveautés ne seront pas visibles sur l’interface, sera en réalité le fruit d’un travail sur les bases du système, afin de les adapter à l’avenir de l’informatique. La technologie « Grand Central » simplifiera la gestion de multiples processeurs et de multiples cœurs, tandis que « OpenCL » sera capable de mettre à contribution les cartes graphiques, dont la puissance ne cesse d’augmenter, pour décharger le processeur.
Un an plus tard, le 9 juin 2009, c’est Phil Schiller qui est désigné pour remplacer Steve Jobs, toujours officiellement en repos pour raison de santé. Face à 5.000 développeurs, il annonce qu’Apple a presque terminé le travail sur Snow Leopard : les technologies Grand Central Dispatch et OpenCL, la plupart des applications réécrites en 64-bits, le Finder entièrement réécrit en Cocoa, la compatibilité avec Exchange de Microsoft… Résultat : Time Machine accélère de 50%, Mail de 85%, et QuickTime X… de 200% !
Du côté visible de l’interface utilisateur, on remarquera tout de même que le Dock adopte Exposé pour afficher les fenêtres ouvertes par chaque application et que QuickTime X se pare d’une interface extrèmement sobre, laissant toute la place à la vidéo. Snow Leopard s’ouvre un peu plus encore aux utilisateurs handicapés : trackpad adapté à la fenêtre ouverte, support des écrans en braille, lecture à haute voix des pages web… Fait marquant, Snow Leopard abandonne définitivement le support des processeurs PowerPC, seuls les processeurs Intel étant maintenant supportés. OpenCL, technologie permettant de tirer partie de la carte graphique pour décharger le processeur, supporte de nombreuses cartes, parmi lesquelles les Nvidia Geforce et les ATI Radeon. Sortie prévue en septembre, pour seulement 29 dollars (mise à jour depuis Mac OS X 10.5 Leopard).
A noter enfin que Snow Leopard Server est annoncé pour la même date. Facturée 499 dollars, également optimisée 64-bits, cette version apporte le support du format ZFS, un nouveau serveur de mails, le support du streaming QuickTime en HTTP, la configuration d’une flotte d’iPhones en réseau…
Le 28 août, Snow Leopard débarque donc sur les Macs des utilisateurs impatients. Pas de révolution : l’interface est proche de la précédente, et les gains de vitesse sont, pour le moment, insoupçonnables. Il faudra un peu de temps pour que les développeurs de logiciels s’adaptent au nouveau système et en tirent le meilleur. Au moins ne perd-on rien lors de cette mise à jour… à condition de ne pas s’aventurer dans un ancien compte « Invité », au risque sinon de perdre toutes ses données… Il faudra attendre la révision 10.6.2, en novembre, pour que ce « bug » soit corrigé !
QuickTime X, le remplaçant de QuickTime, surprend les utilisateurs par sa simplicité, voire son simplisme. Toutes les fonctions d’édition ont disparu, notamment le copier-coller ! De nombreux codecs ne sont plus proposés à l’exportation de vidéo, et le support du MIDI a tout simplement disparu ! Bien sûr, on y gagne une fonction bien pratique d’enregistrement vidéo de l’écran, mais tout de même, l’impression de régression est grande, et Apple maintient d’ailleurs la précédente version de QuickTime 7 en parallèle de la nouvelle. En réalité, QuickTime X a été réécrit de zéro, en Cocoa et en 64-bits, et Apple a fait des choix draconiens dans les héritages parfois anciens de QuickTime, comme elle l’avait fait pour Mac OS X dix ans plus tôt.
Mac OS X 10.6 est également le dernier opus du système à disposer de sa version « Server ». En effet, à compter de 10.7, les fonctions « Server » seront directement téléchargeables à partir de la version « grand public » du système.
Mac OS 10.7 « Lion »
Mac OS X 10.7, nom de code « Lion », est présenté lors d’un événement spécial sobrement intitulé « Back to the Mac ». Sur scène, Steve Jobs présente les nouveautés inspirées d’iOS : le système accueille maintenant un Mac App Store, les applications bénéficient d’un mode plein écran, les trackpads deviennent multitouch, et l’on peut naviguer parmi ses applications comme sur l’écran de l’iPhone, grâce à LaunchPad, une simple grille d’icônes en plein écran. Mac OS gagne aussi une fonction de sauvegarde automatique des documents : sur les applications compatibles, le menu « Enregistrer » disparaît au profit d’un enregistrement permanent et d’un menu « Revenir » qui permet de naviguer dans le fil des modifications et de revenir à un état antérieur. En conséquence, le menu « Enregistre sous… » disparaît au profit d’un menu « Dupliquer… », une fonction un peu déstabilisante pour les habitués du système d’Apple.
D’autres nouveautés sont présentées à la WWDC de janvier 2011, comme AirDrop, qui permet de partager des documents entre deux Mac sous Lion présents sur un même réseau wi-fi, sans le moindre réglage. Apple intègre également pour la première fois des Emojis (ou émoticones, ou encore smileys), et un mode « Exposé dans le Dock » qui affiche les fenêtres d’une seule application sous forme de miniatures. C’est également dans Lion que Mail gagne sa nouvelle interface inspirée de l’iPad, sous forme de colonnes successives. QuickTime X gagne au passage quelques-unes de ses anciennes fonctions, notamment le copier-coller.
Mac OS X 10.7 est le premier système d’exploitation d’Apple uniquement disponible en ligne pour 30 dollars, le 20 juillet 2011. Plus de DVD, plus de CD, il faut passer par le Mac App Store sous Mac OS 10.6.8, qu’il faut donc installer avant de passer au nouveau système ! Apple cédera finalement à la pression populaire en proposant deux options : le téléchargement gratuit en Apple Store, ou l’achat sur clé USB, facturée 69 dollars.
Lion s’installe sur les Macs Intel 64-bits, écartant donc les processeurs Core Duo avec lesquels Apple avait fait la bascule dans le monde Intel. A cette occasion, Apple supprime le support de Rosetta, son émulateur PowerPC qui permettait jusqu’alors d’exécuter sur Mac des logiciels conçus pour cette ancienne génération de processeurs. Adieu donc, AppleWorks ! Elle supprime également par défaut Java et Flash, qui restent disponibles sous forme de téléchargement gratuit. Comme promis, MacOS X Lion Server est disponible sur le Mac App Store pour 50 dollars.
OS X Mountain Lion (version 10.8)
C’est le 16 février 2012 qu’Apple officialise le successeur de « Mac OS X 10.7 Lion » sous le nom de « OS X Mountain Lion ». Notez le changement de dénomination, qui voit le terme « Mac » disparaître de l’intitulé du système. 10.8 est donc à la fois une amélioration de son prédécesseur (comme Snow Leopard l’avait été pour Leopard), et un OS mieux intégré dans la famille des différents produits Apple.
Dès la WWDC de juin 2012, Apple fixe la date de commercialisation du nouveau système au 25 juillet, date à laquelle il sera possible de le télécharger sur le Mac App Store, ce que feront trois millions de clients durant les quatre premiers jours de disponibilité. Les utilisateurs découvrent alors les nouveautés du système, notamment le Centre de Notifications, qui regroupe les alertes et informations de nombreuses applications, à la manière d’iOS, ou Messages, qui remplace iChat et s’ouvre à la compatibilité avec les iMessages des iPhones. Mountain Lion offre aussi un Game Center lui aussi hérité d’iOS, qui permet aux joueurs de partager leurs profils entre différents appareils, idéalement pour continuer sur leur Mac une partie commencée sur l’iPhone.
C’est également dans cette version 10.8 que les barres d’adresse et de recherche de Safari sont fusionnées en une seule barre, ou que le Mac devient compatible avec AirPlay pour afficher son écran sur une télévision compatible, ou diffuser sa musique sur une enceinte compatible. MobileMe laisse la place à iCloud, et le menu « Mise à jour de logiciels » du menu Pomme ponte désormais vers une section spécifique du Mac App Store.
Du côté des mauvaises nouvelles, les utilisateurs noteront une forte chute de l’autonomie des batteries des MacBook, qui ne sera qu’en partie corrigée lors de la mise à jour 10.8.1.
OS X Mavericks (version 10.9)
Présenté lors de la WWDC, le 10 juin 2013, 10.9 est le premier système d’exploitation distribué gratuitement à tous les utilisateurs de Macs compatibles (c’est à dire équipés au minimum du système 10.6.8), dès le 22 octobre 2013 (10.1 n’avait été une mise à jour gratuite que pour les clients de la version 10.0).
Mavericks, qui est le premier descendant de Mac OS X à abandonner la dénomination de félin, offre surtout des nouveautés très techniques et peu visibles. Ainsi, App Nap permet d’économiser de l’énergie (et donc de gagner en autonomie) en désactivant les applications ouvertes mais non utilisées. De même, la mémoire vive de ces applications est compressée à la volée pour libérer de la place pour les autres. Timer Coalescing veille quant à lui à regrouper les instructions des différentes applications sur les mêmes cycles de processeurs, afin d’éviter de solliciter celui-ci en permanence.
Parmi les petits raffinements, Apple fait désormais apparaître le Dock et la barre des menus sur tous les écrans connectés au Mac, et AirPlay peut être géré comme un écran supplémentaire plutôt qu’en simple recopie vidéo. Le Finder gagne une fonction d’onglets pour regrouper des fenêtres à la manière des navigateurs internet. Il devient possible de lire des iBooks dans l’application du même nom, tandis que l’application Plans héritée d’iOS fait son apparition. C’est également dans cette version du système que disparaissent la plupart des traces de skeuomorphisme, cette manière de singer les objets du quotidien dans les applications. Ainsi, le Calendrier, les Notes, et les Contacts perdent leur imitations de papier. Il se dit d’ailleurs que c’était Steve Jobs, décédé le 5 octobre 2011, qui avait imposé ce skeuomorphisme, et que Jonathan Ive, designer en chef chez Apple, avait commencé à reprendre en main le design des systèmes et des applications pour y imposer plus de sobriété.
OS X Yosemite (version 10.10)
Après une diffusion auprès des développeurs en juin 2014, Yosemite bénéficie d’une Beta Publique en juillet 2014, la première depuis septembre 2000 ! La version définitive est diffusée gratuitement le 16 octobre 2014. Mavericks est la deuxième version du système à être nommée d’après la géographie de la Californie : après le spot de surf, voici donc le parc national.
La première nouveauté de Yosemite ne passe pas inaperçue. Il s’agit du premier système dont le design est supervisé officiellement par Jonathan Ive, qui a donc imposé à l’ensemble de l’interface la sobriété du « Flat Design » qu’il avait inauguré sur iOS 7. Oublié, le métal brossé ; disparues, les couleurs acidulées et les effets de relief. Si certains regrettent la fantaisie qui avait prévalu à une époque dans le système d’Apple, d’autres apprécient au contraire la grande sobriété du système, qui se concentre sur le contenu, plus que sur l’habillage. Lucida Grande, la police d’écriture des éléments d’interface du Mac depuis 1999, est remplacée par une déclinaison spéciale d’Helvetica Neue spécialement optimisée.
Au-delà de l’interface, Yosemite se concentre sur les fonctions liant iOS et OS X, sous le nom de « Continuity ». L’iPhone peut ainsi envoyer les SMS rédigés sur le Mac ; Handoff permet de poursuivre sur le Mac un travail commencé sur l’iPhone (avec les applications compatibles) ; le copier-coller est partagé entre les différentes machines grâce au presse-papier universel ; l’Apple Watch permet de déverrouiller le Mac rien qu’en s’en approchant ; et il devient même possible de répondre à un appel téléphonique de l’iPhone, directement sur le Mac.
C’est avec Yosemite qu’Apple remplace iPhoto par Photos. Ce nouveau logiciel remplace également Aperture, l’outil professionnel pour photographes, mais ne convainc pas les utilisateurs. À sa sortie, il ne dispose même pas de toutes les fonctions de base d’iPhotos, et les pros préfèrent migrer vers la solution Lightroom d’Adobe… Au moment où le Mac Pro, annoncé en décembre 2013, est toujours en attente de commercialisation effective, les professionnels sur Mac commencent à sérieusement s’inquiéter de l’approche très « grand-public » de la marque.
De manière plus anecdotique, mais symbolique, Apple intègre également avec Yosemite le moteur de recherche DuckDuckGo, particulièrement respectueux de la vie privée de ses utilisateurs, parmi les propositions par défaut. Spotlight prend de l’ampleur, en quittant son petit menu pour s’afficher au centre de l’écran. Quant au bouton vert des fenêtres, qui servait depuis 2000 à agrandir la fenêtre pour l’adapter à son contenu, il permet maintenant d’afficher la fenêtre dans le mode « Plein écran ».
Des problèmes de stabilité du système conduiront Apple à revenir à certaines technologies réseau de Mavericks. D’autres bugs conduiront certains analystes à critiquer la politique de mise à jour annuelle du système, conduisant visiblement à des périodes de tests et de corrections de bugs insuffisantes.
OS X El Capitan (version 10.11)
Autant de critiques qui conduiront Apple à se concentrer sur la sécurité, la stabilité et les performances pour la version 10.11 du système qui prend le nom d’une falaise du parc national Yosemite. Une manière de signifier que 10.11 est une version améliorée de 10.10. Pour cette version, Apple maintient le rythme de mise à jour annuelle, puisque les développeurs en bénéficient dès le moi de juin 2015, avant une version Beta Publique le 9 juillet 2015 et une diffusion gratuite dans le Mac App Store le 30 septembre 2015.
Comme on l’avait connu avec la version 10.1 et la version 10.6, Apple communique sur l’accélération de fonctions-clés du système : les PDF s’ouvrent quatre fois plus rapidement, Mail est deux fois plus rapide, et les applications se lancent 40% plus vite qu’auparavant. Apple a également intégré Metal, son interface de programmation 3D issue d’iOS 8, qui sert à la fois de successeur à OpenGL et de concurrent à Vulkan et Direct3D.
Du côté de l’interface, Helvetica Neue tire déjà sa référence, après seulement une année de service, au profit de la police San Francisco. Split View fait son apparition pour partager un plein écran entre deux applications, tandis que le curseur devient capable de quadrupler de taille quand l’utilisateur remue la souris pour le retrouver. Il faut dire que les configurations multi-écrans-retina ne sont plus rares, et que le minuscule curseur s’y perd facilement. Plans, le calamiteux logiciel destiné à concurrencer Google Maps, se reprend petit à petit et gagne des fonctionnalités d’affichage de trafic dans quelques grandes villes.
Spotlight reçoit sa première grosse mise à jour, avec une capacité de recherche en langage naturel. Il devient possible de faire des recherches complexes sans cliquer sur la moindre case, comme pour rechercher des « images créées et modifiées hier ». Le système reste très incomplet, Spotlight ne comprenant pas des commandes comme « les images-disques dans le dossier Téléchargements ». Quant à Photos, il s’ouvre aux extensions, une manière fort pratique pour Apple d’offrir à ses clients de nouvelles fonctions sans avoir à y consacrer trop de temps. Quelques poids-lourds du secteur proposeront leurs extensions, comme Affinity Photos, Pixelmator ou DxO.
macOS Sierra (version 10.12)
Et voilà le retour du Mac ! Après trois versions sous le nom d’OS X, la version 10.12 reprend et adapte son nom à celui des autres systèmes de la marque. Il y avait iOS, watchOS et tvOS, voici maintenant macOS. Fidèle à son rythme annuel, Apple présente son nouveau système lors de la WWDC de juin 2016, diffuse une version beta publique en juillet, et la version définitive (toujours gratuite) le 20 septembre 2016.
Malgré des fonctionnalités qui n’en mettent pas plein les yeux, Sierra est plus exigeant en terme de configuration, et ne s’installe que sur des Macs de 2010, à l’exception des iMacs et de quelques MacBook de la fin de l’année 2009. Du côté des nouveautés, on découvre Siri, l’assistant vocal d’iOS, qui fait son entrée sur Mac. Sierra améliore quelque peu la gestion des fichiers, avec notamment un outil d’optimisation du stockage, et Apple diffuse ses premières démonstrations du nouveau système de fichier APFS (Apple File System) destiné à remplacer à terme l’HFS+. Les applications capables de gérer l’affichage d’onglets se multiplient, tandis que Night Shift permet d’atténuer les couleurs à l’écran pour reposer les yeux lors de l’utilisation de nuit.
Apple intègre également Apple Pay, son sytème de paiement en-ligne, sous la forme d’une association entre le Mac (où le paiement est décidé) et l’iPhone ou l’Apple Watch (où le paiement est validé). A l’inverse, Apple fait disparaître son application Game Center, qui n’avait jamais vraiment trouvé son public (tout en maintenant ses services accessibles aux développeurs de jeux).
Du côté des mécontents, on note de gros soucis de gestion de batterie avec les derniers MacBooks Pro commercialisés en 2016, qui conduiront Apple à supprimer la notion d’autonomie au profit du seul affichage du pourcentage de charge de la batterie.
macOS High Sierra (version 10.13)
Pour succéder à Sierra, la chaîne de montagne californienne, quoi de mieux que High Sierra, qui en est la région abritant les plus hauts sommets ? Cette nouvelle version est annoncée lors de la WWDC de juin 2017 : Apple promet qu’elle va se consacrer à l’amélioration de l’existant, plutôt qu’à la création de nouvelles fonctions. La version définitive est diffusée au public en septembre 2017.
Apple profite de cette version pour intégrer quelques technologies, comme son API Metal 2, capable de gérer les cartes graphique externes. C’est aussi l’occasion de définir l’APFS comme format de disque dur par défaut, en remplacement de l’HFS+. Quant à Safari, il bénéficie du « machine learning » pour détecter les tentatives de certains sites de suivre les pérégrinations de leurs utilisateurs. High Sierra commence également à préparer les utilisateurs à deux fonctions promises pour les prochaines mises à jour : l’abandon des applications 32 bits (que le système signale lors du lancement, sans pour autant les bloquer) et la fin des Kernel Extensions (kexts) qui sont des modules ajoutés au noyau du système par certains programmeurs.
macOS Mojave (version 10.14)
Le successeur de High Sierra est annoncé lors de la WWDC de juin 2018, et disponible au téléchargement dès le 24 septembre de la même année. Parmi les principales nouveautés, on trouve un mode sombre, offrant une interface où le texte est plutôt clair sur un fond plutôt sombre, et quelques applications directement importées du monde iOS : Apple News, Dictaphone et Home (qui permet de gérer les accessoires compatibles HomeKit). Mojave est un désert californien, poursuivant en cela l’usage de la géographie californienne utilisée pour nommer les versions de macOS depuis la version 10.9.
Avec cette nouvelle version, le format de fichier HFS+, inauguré avec Mac OS 8.1 en 1998, est définitivement écarté au profit du format APFS. Il n’est plus possible de conserver des disques à l’ancien format lors de la mise à jour. OpenGL et OpenCL, les prédécesseurs de Metal, se préparent à subir le même sort, et Apple invite les utilisateurs à ne plus les utiliser. Les applications 32bits sont toujours acceptées, mais cette fois, le message est clair : la prochaine version de macOS ne les supportera plus !
Mojave voit aussi se poursuivre le rapprochement entre iOS et macOS : l’application Bourse rejoint celles qui avait déjà passé le gué avec la version précédente. Il faut dire que la prochaine version de macOS, promise pour 2019, devrait permettre aux développeurs de diffuser leurs applications aussi bien sur Mac que sur iOS, sans avoir besoin de retravailler leur code. Apple teste donc son système avec ses propres programmes.